D'abord, ne rien renier. Accepter qui on est,
D'où on vient, le terroir, le père avec la mère,
Leur présence ou absence et leur propre mystère,
La langue balbutiée  et le gâteau mangé.

Accepter d'être né dans un corps qui n'est pas
L'idéal fantasmé au fil des magazines,
Accepter d'être trop jeune (ou vieux) pour l'usine,
Accepter d'être né promis pour le trépas,

Accepter d'être fils de cultures diverses,
D'influences croisées tissées dans une toile
Qui de son seul bateau sera l'unique voile,
Voguant loin des écueils des lourdes controverses.

Et ne pas accepter les idées barbelées
Qui veulent enfermer dans des camps définis :
" Tu es ainsi et donc tu dois faire ceci,
Habiter tel endroit, prier, manger, parler ! "

Par la perversité du respect de chacun,
Le droit de différence est devenu refus
De changer, de muter, de choisir : un confus
Mélange gluant qui vous colle et vous retient.

Ne rien renier jamais, mais s'offrir ce cadeau
D'évoluer, de bouger ou de se convertir.
C’est la liberté - comme l’infini désir
D'une mouche d'été cognant sur le carreau.

                            Marielle-Frédérique Turpaud.